En valeurs de gris je perçois le monde qui m'entoure. Je vois en contrastes, les lumières à mes yeux ne servent qu'à mettre en valeur les ombres. Lors de mon apprentissage de la photographie dans une MJC en 1998, j'ai découvert le noir et blanc par les sels d'argent. J'ai passé de longues nuits au labo devant mon agrandisseur à peaufiner mes tirages. Je cherchais les bonnes totalités, je densifiais les noirs avec un virage baryté. Je masquais les zones, je construisais mon image finale à partir des négatifs 24x36 sortis de mon Leica M6 ou des 6x6 de mon moyen format.
Le noir et blanc n'est pas qu'une histoire de technique, il est également une histoire de regard avec les maîtres qui ont construit le mien : Sieff, Salgado, Depardon, Riboud... De longs moments je me suis senti hypnotisé par leurs images, leur démarche. Leur noir et blanc est si différent et si cohérent pour chacun.
Ma démarche avec les prises de vues en raw et leur traitement au laboratoire numérique est basée sur mon histoire avec l'argentique. Je cherche à partir du négatif numérique à construire l'image finale : un noir et blanc sec, vigoureux avec des contrastes forts et des valeurs de gris étalées. Le monochrome dans ma démarche épure l'approche photographique et me permet de me concentrer sur ce qui est important à mes yeux. Le noir et blanc n'est pas qu'une histoire de nostalgie. Il se prête volontiers à une mise en valeur élégante des projets photographiques. Il permet de sublimer les portraits et de magnifier les paysages. Plus qu'une dimension esthétique c'est à mes yeux un art de vie.